Une sportive électrique au look de berline-SUV qui fait un bruit moteur, vibre, claque, détonne à « l’échappement » et dispose même d’une boite de vitesses et d’un rupteur, elle existe et porte un nom ; Hyundai Ioniq 5 N. Cette machine 100% électrique développée par la Division N du constructeur sud-coréen, restitue artificiellement toutes les sensations d’une voiture thermique.
Hyundai l’a fait, à savoir concevoir et produire en série une voiture de sport électrique aux sensations de conduite quasi identiques à une voiture thermique, une première qui va faire date et rendre jaloux certains constructeurs réputés à Stuttgart ou encore Ingolstadt, suivez mon regard.
Pas la plus puissante et la plus jolie, mais la plus réaliste !
Avec sa puissance maxi de 650 ch, la Ioniq 5 N n’est pas la plus puissante des sportives électriques dont certaines bousculent les chiffres et on pense d’ailleurs à la dernière évolution de la Porsche Taycan Turbo GT Pack Weissach. Elle n’est pas non plus la plus jolie avec sa silhouette cubique très particulière, mais sublimée par son bleu ciel N, ses touches de orange pur jus et de superbes roues de 21 pouces, la Ioniq 5 N est unique et ne manque pas d’allure et on en oublie finalement qu’elle est électrique avec son look de grosse GTi préparée.
Développée par les ingénieurs de la branche N avec l’aide de ceux de l’entité Motorsport qui développent les i20 Rally1 et Rally2, la Ioniq 5 N est un laboratoire roulant de série accessible au prix de 78 000 €. Lorsque l’on sait que le maître d’oeuvre du projet est un certain Albert Biermann qui fut durant de longues années l’un des piliers techniques de BMW Motorsport, on a presque envie de signer le bon de commande les yeux fermés.
Elle procure une véritable émotion au volant
La Ioniq 5 N n’est pas la plus puissante des sportives électriques et dans cette course aux kW elle est même loin des avions de chasse, mais la Ioniq 5 N puise sa force autrement, dans un compromis quasi parfait entre puissance, plaisir de conduite, comportement routier, puissance de recharge de sa batterie 800V. Cette version sportive ne se contente pas uniquement de faire du bruit, elle ajoute un châssis traité dans les règles de l’art d’une voiture ultra performante avec une suspension sport, une hauteur de caisse abaissée de 20 mm, des voies élargies, des appendices aérodynamiques, des roues de 21 pouces chaussées de pneus Pirelli P Zero développés pour cette version et d’un freinage renforcé. Pour les nostalgiques des groupe A des années 80-90, il y a même un petit côté Lancia Delta HF dans les formes de cette Ioniq 5 N et franchement on aime, même si les mensurations ne sont pas franchement compactes pour la sud-coréenne.
Dans ses entrailles, la Ioniq 5 dispose de deux moteurs électriques, un sur chaque essieu, qui délivrent une puissance cumulée de 650 ch pour un couple maximum d’environ 770 Nm lorsque l’on utilise le mode temporaire N Grin Boost. Les performances sont au rendez-vous avec un 0-100 km/h exécuté en seulement 3,4 s et la vitesse maxi atteint 260 km/h. S’il n’y a pas d’arbre de transmission et encore moins de boite de vitesses, la gestion des 4 roues motrices est 100% électronique grâce au système N Torque Distribution qui s’occupe de la répartition le couple selon 11 réglages. Sur le train arrière, un différentiel électronique à glissement limité e-LSD augmente encore davantage le contrôle. A l’usage et malgré un encombrement certain, cette Ioniq 5 N est d’ailleurs particulièrement agile, mobile et joueuse du train arrière et franchement elle bluffe par son efficacité en virage, bien aidée en plus par le grip des performants pneumatique Pirelli P Zero.
Une bande son unique avec une boite de vitesses virtuelle
Mais le clou du spectacle est bien cette sonorité dans l’habitacle qui évoque une voiture thermique. Hyundai a osé et il a bien fait même si certaines tonalités sonnent faux, on s’en fiche car c’est tellement sympa. Imaginez un instant que cette auto dispose finalement d’une boite de vitesses, d’un pont autobloquant mécanique, d’un rupteur, d’un moteur qui fait vroum-vroum et d’un échappement qui pétarade comme le silencieux inox d’une Golf GTi préparée. Ce n’est qu’un pur gadget, mais ça tombe bien car on adore les gadgets à la noix et la Ioniq 5 N en possède un paquet. En action, on active le mode N e-Shift et on entre dans une autre dimension en jouant avec les palettes au volant qui permettent les passages des vitesses avec le bruit et les sensations du verrouillage. La simulation est tellement réaliste que l’on se demande si parfois nous ne sommes pas vraiment au volant d’une sportive thermique, tout du moins en sélectionnant le bon son dans l’Active N Sound, sinon la musique n’est pas la même et on sombre aussi très vite dans Mario Kart et pour le coup ça devient vachement moins réaliste. Bon et on peut toujours désactiver les sons et conduire paisiblement et sans le moindre bruit moteur cette grosse berline électrique, ça marche aussi.
Si la Hyundai Ioniq 5 N n’est pas la première voiture électrique qui propose une sonorité moteur virtuelle, l’Abarth 500e la devance de quelques mois et l’Alpine A290 va en faire d’autant, en revanche elle démontre qu’une voiture électrique peut de manière totalement artificielle devenir une voiture de sport aux sensations identiques à une sportive thermique. Une belle leçon de savoir-faire technologique.
Photos Laurent SANSON