ACCESS PRIME TIME
Modèle d’accès à l’univers McLaren, la 570S Coupé n’est pas la plus puissante et extravagante des supercars du jeune constructeur anglais, mais elle offre une polyvalence incroyable au quotidien par sa facilité d’utilisation sur route comme sur une piste et surtout elle respire l’ambiance de la course.
En activant la boite aux souvenirs, le nom de McLaren est directement lié à celui de Bruce McLaren et de son équipe de Formule 1 présente sur les circuits depuis le début des années 60. Tout le ponde à en mémoire les mémorables duels de légende des McLaren rouge et blanche de Senna-Prost. Mais l’ambition de Ron Dennis ne s’arrêtait pas à la seule F1 et le patron anglais s’est dit qu’il pouvait être en quelque sorte un « Ferrari » d’outre-Manche. C’est ainsi qu’est née au milieu des années 90 l’incroyable McLaren F1 de route et sa déclinaison de course, la F1 GTR, dont la sonorité du V12 atmosphérique résonne encore dans mes tympans, au Mans et sur le championnat GT mais aussi dans le cockpit, car à l’époque j’avais eu cette chance extraordinaire de conduire les deux versions, sur route ainsi que sur circuit en prenant le volant de la F1 GTR châssis 06R, 3ème des 24 Heures du Mans 1995 avec le trio Derek Bell, Justin Bell et Andy Wallace. Autant dire que cette McLaren F1, née du génie de Gordon Murray, l’ex.ingénieur de F1, avec sa position de conduite centrale, reste pour moi une référence depuis plus de 20 ans. Alors prendre réception de cette 570S Coupé avait donc quelque chose de très spécial.
PREMIÈRE DE CORDÉE
Alors que la McLaren F1 des années 90 n’était finalement qu’un « one shot » avec une production limitée à seulement 106 exemplaires, le véritable démarrage de McLaren en tant que constructeur remonte à 2011 avec l’introduction de la MP4-12C qui tirait son nom des châssis de F1. Rapidement, le constructeur anglais a élargie sa gamme en introduisant de nouvelles déclinaisons, dont la fusée P1 et prochainement l’hypercar Senna, mais aussi cette 570S – également disponible en Spider depuis l’an dernier – ouvrant ainsi un nouveau chapitre avec la création d’une gamme plus accessible dénommée Sports Series et qui comprend également la « baby » 540C. Avec cette 570S, McLaren se positionne en concurrent d’une Audi R8 V10 par exemple mais avec un univers bien spécifique qui respire la course. On ne roule pas dans une McLaren comme dans une autre supercar allemande ou italienne, cette anglaise est une invitation à l’anticonformiste, pour ceux qui ont les moyens de s’offrir un tel jouet. Sa rareté sur nos routes, McLaren Automotive a construit à ce jour 15 000 voitures en 7 ans de production, rend cette McLaren encore plus exclusive.
UNE « PETITE » SUPERCAR ULTRA POLYVALENTE
Une McLaren c’est d’abord une supercar et même si cette 570S est l’une des petites de la bande, elle a un truc en plus, sa polyvalence. Cette 570S, elle respire, transpire même, l’ambiance course avec sa monocoque carbone dans laquelle prendre place demande la même contorsion que pour s’installer dans le cockpit d’une GT de compétition avec son arceau. Avec son intérieur minimaliste habillé de peau retournée sur la planche de bord et de carbone, on entre dans un univers qui évoque Lotus par sa simplicité, mais avec le modernisme d’une voiture de sport d’aujourd’hui. Faire les courses et la course, elle accepte tout et même Madame peut en prendre le volant tellement sa conduire est simple, sans être brutale, en utilisant le mode Normal. Une fois en mode Track avec la position Active et en passant en boite manuelle avec les changements des rapports par les ergonomiques palettes en carbone au volant, cette 570S change logiquement de ton et révèle sa vraie personnalité de super sportive qui colle à la route et permet d’atteindre des vitesses de passage impressionnantes dans les virages. Avec sa répartition des masses qui charge un peu plus le train arrière, le train avant est d’une légèreté incroyable et surtout cette 570S se place au millimètre dans la trajectoire. On peut entrer très fort sur les freins et le train avant conserve le bon cap, même dans le serré d’un circuit de karting comme lors de notre essai sur la piste d’Ostricourt dans le Nord qui présente la particularité d’avoir un tracé de 1,5 km rapide et large, ce qui est un bon révélateur de la tenue de route et de l’agilité et cette 570S n’en manque pas. Autre point fort de cette « petite » McLaren que prend la base de la 650S, mais en faisant l’impasse sur certains éléments coûteux afin de réduire la note, la puissance et l’agrément de conduite de son V8 biturbo qui ne délivre que 570 ch pour surtout un couple très important de 600 Nm. Couplé avec une boite auto hyper efficace en mode manuel, cet ensemble moteur-boite est juste exceptionnel et on ne se lasse pas d’exploiter son couple et ses montées en régime.
Décrite comme un modèle d’accès à l’univers McLaren avec la 540C, la 570S n’a rien d’une supercar au rabais. Même si elle n’offre pas (de pas grand chose) les performances de sa grande soeur 650S, elle mise sur sa polyvalence, sa facilité d’utilisation et son habitabilité supérieure avec une véritable boite à gants, de l’espace derrière les sièges (les baquets en carbone de la P1 en option sur notre version) ou encore d’un coffre positionné à l’avant qui permet de placer une valise d’un bon volume.
Photos Laurent SANSON