Très tendance avec sa silhouette de SUV compact et très Alfa dans son design, sa présentation et son esprit, le Tonale doit permettre au constructeur transalpin de redorer son blason, tout en s’imposant clairement comme la marque Premium du groupe Stellantis. Un challenge de plus pour Alfa qui avec ce Tonale part clairement à la conquête de nouveaux Alfistes.
Le lancement d’une nouvelle Alfa est toujours un évènement et celui du Tonale (que l’on prononce « tonalé ») est particulièrement attendu et important car il marque le renouveau de la firme milanaise sous l’ère Stellantis. Sur le papier c’est prometteur, car la feuille de route de l’Alfa nouveau passe par un plan produit ambitieux qui débute avec ce Tonale et qui doit conduire le constructeur vers un nouveau modèle tous les ans jusqu’au passage au tout électrique en 2027, tout en devenant la marque Premium du géant franco-italo-américain. Un sacré challenge pour la nouvelle équipe dirigeante car la marque milanaise part de loin, de très loin, mais elle possède avec son riche passé qui est un livre d’histoire, un véritable pouvoir de séduction et d’attraction. On ne roule pas en Alfa par hasard et nul doute que les nouvelles conquêtes de la marque n’auront rien du client lambda en quête juste d’une voiture. On entre chez Alfa comme on entre en religion.
BELLISSIMA TOUT SIMPLEMENT
C’est jour de gala en découvrant ce Tonale posé fièrement sur ses roues de 20 pouces (en option) dont le dessin en forme de fer à cheval est tellement Alfa. Reprenant tous les codes Alfa dont la fameuse calandre Scudetto, le Tonale est vraiment séduisant et on tombe sous le charme. Grand pour un SUV compact avec son 4,53 m de long, il affiche de belles proportions qui profitent à l’habitabilité avec un vaste espace de vie à bord pour une famille. En prenant place, on se sent bien et l’environnement sonne parfaitement Alfa au point que l’on trouve même les grandes palettes en alu au volant comme sur un Stelvio Quadrifoglio de 510 ch et bien entendu quelques plastiques en partie basse de qualité moyenne, mais c’est une Alfa et donc on lui pardonne.
UN RAMAGE PAS A LA HAUTEUR DU PLUMAGE
Une Alfa c’est d’abord une ambiance sportive et pour le coup le Tonale se montre en phase avec l’ADN de la marque, mais une fois le contact en marche on déchante devant le manque de caractère de la motorisation hybride de 160 ch, la plus puissante actuellement disponible avant l’arrivée en 2023 d’une version hybride-rechargeable annoncée à 275 ch et qui pour le coup sera bien plus Alfa dans son rendement. Reprenant la base technique et le bloc hybride 1.5 litre turbo de son cousin américain Jeep Compass, le Tonale permet à la marque de mettre enfin le pied dans l’électrification, même si celle-ci reste simple par le biais d’un système mild-hybrid 48V qui toutefois permet une évolution en full électrique à très faible vitesse (maxi 15 km/h) et sur quelques kilomètres (7-8 km). Ce qui peut être utile dans les bouchons ou lors d’une manoeuvre de parking. Implanté dans la boite auto 7 rapports, le moteur électrique d’une puissance de 15 kW est alimenté par une petite batterie qui se recharge de manière autonome. Une électrification qui permet semble t-il de contenir la consommation puisque nous avons relevé une moyenne de 8 l/100 km sur notre parcours d’essai de la côte d’Albâtre. Mais on retiendra surtout le caractère plat de cette motorisation électrifiée. Malgré la fameuse molette DNA qui permet de choisir entre trois modes de conduite, rien n’y fait même en mode Dynamic, le Tonale manque cruellement de punch et ça devient poussif en tirant les régimes. Pour faire simple, le mode Dynamic est l’équivalent d’un mode Normal et donc inutile de vous faire un dessin sur le mode A, c’est un Eco encore plus Eco que l’Eco. Pour l’émotion et les sensations de la mécanique, bon bah on va revenir. Heureusement, le châssis a montré de belles dispositions et malgré la direction très légère qui masque le ressenti de la route, le Tonale est précis dans sa conduite.
En conclusion,Le Tonale a les codes d’une véritable Alfa avec un design émotionnel et on lui pardonne quelques plastiques durs pas très premium. Mais ce n’est pas grand chose à coté de sa mécanique mild-hybrid de 160 ch pas digne d’une Alfa. Sous l’autel des nouvelles législations, le constructeur n’a pas vraiment le choix, mais le compromis proposé avec cette motorisation sans relief n’est pas vraiment convaincant. Alfa a même poussé le « supplice » jusqu’au bout en supprimant la canule de la sortie d’échappement, comme pour s’offrir une bonne conscience au regard des émissions de CO2. Un véritable blasphème à la légende Alfa !
Photos Laurent SANSON
Laurent SANSON
Journaliste rédacteur-photographe spécialisé automobile et sport - Négociant en virages et images.