Essai BYD Atto 3 : Un outsider qui doit mieux faire
Proposant désormais une gamme complète électrique et hybride, c’est avec le SUV compact full électrique Atto 3 que BYD a pénétré le Vieux Continent. Retour sur ce SUV compact dont la version restylée MY25 arrive dans quelques semaines avec quelques améliorations.
Totalement inconnu en Europe il y a encore quelques années, BYD pour Build Your Deam, était au départ un fabriquant de batterie, celle de votre iPhone ou autre smartphone par exemple. Un géant de la tech’ qui en partant du constat qu’il maîtrisait les technologies et la chaîne d’approvisionnement pour la fabrication des batteries et autres appareils, s’est alors lancé dans l’automobile en rachetant un petit constructeur local avec le résultat que l’on connaît et un développement dans le monde à la vitesse grand V pour être désormais un des leaders mondiaux de la voiture électrique. Quand l’empire du milieu met les moyens, ça ne passe pas inaperçu et ce d’autant que sur la voiture électrique les Chinois sont en pole position devant les européens et le reste du monde.
Atto 3, premier de cordée en Europe
Lancé dans un premier temps en Chine, l’Atto 3 est le premier modèle de BYD envoyé pour conquérir le Vieux Continent. Ce séduisant et élégant SUV compact du gabarit d’un Peugeot 3008 présente plutôt bien avec ses formes fluides et il ne laisse pas indifférent au premier regard. Dans l’habitacle, on change de registre avec une originalité déconcertante par rapport à l’extérieur. L’intérieur est clairement technologique avec une grande tablette centrale rotative qui pivote horizontalement ou verticalement, autant dire que ça fait aussi son petit effet. Mais ce n’est pas tout puisque les designers de la marque se sont lâchés avec des aérateurs cylindriques verticaux qui évoquent le monde de l’aviation, tout comme le levier de vitesses identique à celui des commande de gaz d’un Airbus. On trouve aussi de gros élastiques intégrés aux vide-poches et tendus comme des cordes de guitare. L’éclairage d’ambiance dont la luminosité varie en fonction de la musique façon « boîte de nuit » et d’autres détails originaux. Le tout est baigné dans une belle luminosité puisque un toit ouvrant panoramique est de série.
Construit sur une plateforme dédiée aux modèles l’électrique qu’il a inauguré, le BYD Atto 3 a marqué à son lancement un tournant dans la gamme du constructeur chinois. Ce SUV compact se démarque aussi par la technologie de sa batterie positionnée dans le plancher et qui utilise une formule lithium fer-phosphate, soit sans cobalt, que la marque maîtrise parfaitement. Si de nombreux constructeurs optent pour des batteries NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt), BYD mise sur la batterie LFP lithium-ion pour son excellent rapport prix/performances puisqu’il n’y a pas de cobalt qui coûte cher et une batterie LFP résiste mieux dans le temps aux charges/décharges que la NMC. Néanmoins, la batterie LFP n’a pas la même capacité en puissance qu’une NMC qui stock plus d’énergie dans un même encombrement. BYD explique qu’il a résolu en partie ce problème en travaillant sur l’intégration des cellules. L’ensemble et c’est important travail sous une tension de 400V et si la recharge n’est pas exceptionnellement rapide, elle est très constante par rapport à des batteries qui acceptent des charges élevées, mais avec un pic de charge trop vite atteint et qui plonge brutalement. La batterie n’ayant pas une grosse capacité (60,4 kWh) , l’autonomie n’a rien d’exceptionnelle avec 400 km en utilisation mixte et on enlève 100 kilomètres si le trajet s’effectue sur autoroute.
Trop de confort qui dégrade le comportement routier
Au volant, l’Atto 3 surprend par le confort de son amortissement façon Citroën et c’est plutôt un avantage en milieu urbain lorsque l’on escalade les multiples ralentisseurs. En revanche, une fois sur la route c’est un peu (trop) mou avec une prise de roulis (trop) marquée dans les virages. Le confort souhaité par les chinois prend le pas sur toute autre considération, dont la motricité qui souffre d’un couple trop élevé mal géré par l’anti-patinage et un train avant qui cherche (trop) souvent la trajectoire idéale. Même en étant posé sur de grosses roues de 18 pouces chaussées de pneus 235/50R18, l’Atto 3 n’en pas pleinement convaincant en action et c’est dommage car son plumage est plutôt de bonne facture.
Et finalement on en pense quoi du BYD Atto 3 ?
Ce SUV compact n’est pas parfait, mais il a des arguments à faire valoir avec sa silhouette moderne, l’originalité de son habitacle, sa fabrication dans la moyenne et sa technologie embarquée. Dommage que son autonomie se limite à plus ou moins 400 km, que sa recharge n’est pas extrêmement rapide et que son comportement routier privilégie trop le confort au détriment d’une certaine rigueur de tenue de route.
Photos Laurent SANSON
Laurent SANSON
Journaliste rédacteur-photographe spécialisé automobile et sport - Négociant en virages et images.