Pour sa troisième génération, la Renault Mégane RS se veut encore plus RS que jamais avec un contenu technique qui lui permet de prendre une longueur d’avance sur ses concurrentes. Essai sur route et sur le circuit espagnol de Jerez de cette sportive polyvalente, agile, précise et authentique négociante en virages.
Après une longue campagne de teasing et sa présentation officielle en septembre 2017 au salon de Francfort, cet essai de la nouvelle Mégane RS, troisième du nom et prenant pour base la Mégane 4, était très attendu. Réinventée dans son contenu technique, la nouvelle Mégane RS (2018) a bien l’intention de reprendre sa place de leader sur un segment des compactes sportives qui ne s’effondre pas malgré les malus écologiques toujours plus élevés et cette chasse aux sorcières autour des voitures sportives.
SÉANCE DE MUSCULATION ASSUMÉE
Dans sa teinte exclusive Orange, notre Mégane RS châssis Sport ne manque pas d’allure. Bodybuildée par rapport à une Mégane 4 classique, la nouvelle Mégane RS s’affiche avec de véritables ailes gonflées de 60 mm à l’avant et de 45 mm à l’arrière, et non plus des extensions en plastique comme sa devancière. C’est franchement plus sérieux et qualitatif et ceci lui donne un réel méchant look amplifié par des boucliers plus volumineux. Sans faire aussi fort qu’une Honda Civic Type R au style particulièrement débridé, la nouvelle Mégane RS n’en demeure pas moins très expressive et plus musclée qu’une Peugeot 308 GTi dont le look trop sage ne lui donne pas toute cette légitimité, visuelle, de super GTi. Avec la Mégane 4 RS, pas de problème, Renault Sport assume parfaitement cette séance de musculation qui répond aussi et surtout à des besoins techniques car en élargissant ses ailes, la Mégane RS augmente ses voies et donc améliore son comportement routier pour le rendre encore plus efficace.
UNE MÉGANE RS QUI DONNE DES AILES
À la lecture de sa fiche technique, la nouvelle Mégane RS annonce la couleur – et donne des ailes ! – avec une panoplie de technologies afin de la rendre encore plus exclusive, sportive et ultra polyvalente. Sous le capot, le « vieux » 2 litres turbo de 275 ch a cédé la place à un nouveau 4 cylindres 1.8 turbo – celui qui équipe l’Alpine A110 – avec une puissance de 280 ch pour 390 Nm de couple. Ce moteur a bénéficié de l’expertise des motoristes de Renault F1 avec un gros travail sur la culasse tant dans la gestion des fluides que les frottements des poussées des soupapes. Ce moteur est couplé au choix avec une boite auto EDC 6 rapports à double embrayage ou une boite mécanique également à 6 rapports. Comme sur la précédente génération, Renault a reconduit les deux châssis, le Sport – notre version d’essai Orange – et le Cup (suspension plus ferme de 10% et pont autobloquant mécanique) que nous avons testé sur le circuit de Jerez (la jaune jantes noires). Mais les deux réelles innovations de cette Mégane RS sont l’introduction du système 4Control, soit les 4 roues directrices avec un paramétrage différent par rapport à la Mégane 4 GT, et les amortisseurs à butées hydrauliques de compression qui limitent le rebord et offrent un niveau de confort élevé sans perdre en efficacité et on l’a constaté sur la route avec un certain débattement de la suspension, même en mode ultra sportif Race et avec des roues de 19 pouces (18“ de série).
LA REINE DU PIVOT
Si son train avant fait appel à des pivots indépendants qui permettent une grande précision de guidage grâce à un train avant plus rigide qui ne quitte pas la trajectoire, cette nouvelle Mégane RS surprend par sa facilité dès lors que la route devient fortement sinueuse. Quoi de mieux alors qu’un petit circuit de karting aux épingles serrées pour prendre la mesure de ce système inédit des 4 roues directrices dans le segment. Au volant, le résultat est sans appel, la Mégane RS tourne autour des points de corde avec une agilité déconcertante. En braquant ses roues arrière à l’opposé jusqu’à la vitesse de 60 km/h (100 km/h en mode Race), le train arrière pivote tout seul en ne perturbant pas le train avant qui une fois bien chargé garde parfaitement sa trajectoire sans le moindre sous virage et avec une précision de guidage parfaite. Alors que sa devancière se montrait particulièrement vicieuse du train arrière, la nouvelle venue rassure sur son équilibre général, même sur des routes andalouses au revêtement lisse et sans grip.
Sur le grand circuit de Jerez au volant du châssis Cup avec boite mécanique à 6 rapports (notre version d’essai Jaune Sirus), on a retrouvé la même efficacité que le châssis Sport de notre circuit de kart avec cette fois un système 4Control qui a essentiellement travaillé en « ouverture », c’est-à-dire dans le même sens de braquage que les roues avant. Résultat, une stabilité phénoménale dans les grandes courbes rapides et l’apport du pont autobloquant pour encore mieux sortir des virages serrés en gardant la bonne trajectoire. La messe est dite et nul doute que la nouvelle venue va taquiner du record dans les virages rapides de la boucle nord du Nürburgring avec une version Trophy de 300 ch prévue en commercialisation en fin d’année.
Véritable concentré du savoir-faire de Renault Sport, cette nouvelle Mégane RS (2018) n’est pas qu’une simple RS de plus. Avec ses 4 roues directrices et ses amortisseurs à butées hydrauliques innovants en provenance de la compétition, cette nouvelle Mégane RS sort du lot par son contenu technique. Sur la route elle s’affirme comme une redoutable négociante en virages tout en se montrant d’une grande polyvalence car n’oublions qu’avec ses 5 portes, ses équipements de confort avec une généreuse dotation et son habitabilité générale, cette compacte ultra performante est aussi une familiale docile utilisable au quotidien. Seul son prix – plus élevé que la concurrence avec les quelques options indispensables – peut être un frein au moment du choix.
Photos Laurent SANSON et D.R
Laurent SANSON
Journaliste rédacteur-photographe spécialisé automobile et sport - Négociant en virages et images.